Réfugiés centrafricains au Cameroun : Même pas peur !

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« Quels sont les défis et les plus grandes peurs des réfugiés dans notre pays et comment pouvons nous les aider? »

C’était l’une des motivations principales de notre petite équipe constituée de cinq bénévoles – un couple de missionnaires français et trois jeunes camerounais- qui se sont rendus sur le site de Guiwa, à l’Est du Cameroun, où sont installés environ 800 réfugiés centrafricains. A leur arrivée, après les troubles politiques de 2013-2014 en République Centrafricaine, ils étaient plus nombreux et de toutes confessions religieuses confondues. Toutefois, à cause des tensions inter-religieuses, l’UNHCR, (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), a dû séparer les chrétiens d’avec les musulmans.

Le site de Guiwa est majoritairement constituée de chrétiens qui ont aussitôt bâti une église et formé une communauté. C’est cette communauté qui a accueilli à bras ouvert notre équipe venue de Yaoundé. Dans notre programme d’une semaine - du 09 au 14 février 2016 - nous avions prévu de travailler avec des groupes distincts. Pour les enfants: ateliers de discussion et de danse sur le thème de la peur, sur la base du livre illustré: « Même Pas Peur! », une histoire d’ Ivanova Nono Fotso, illustrée par Didier Millotte. Pour les jeunes : des animations sur le thème de la vie affective et sexuelle à partir du programme Aimer Sans Regrets et pour les hommes et les femmes, les enseignements sur la vie chrétienne Vivre Libre en Christ, un programme d’EFF-International (Espérance pour les Familles dans la Francophonie), représenté par Etienne et Véronique Duron, missionnaires au Cameroun.

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L’objectif des ateliers avec les enfants était de partir de l’histoire de Nina, l’héroïne de « Même Pas Peur! » pour les aider à identifier leurs peurs, à les exprimer et à les confier à Dieu. Nina traverse chez sa tante Passi, où ses parents l’ont laissée pour une durée incertaine, des situations nouvelles qui créent en elle des peurs : la peur des autres, la peur de mal faire, la peur d’être abandonnée, de ne pas être aimé...C’est ainsi que quelques enfants ont pu exprimer leurs craintes :

  • Le jeune Kakama a avoué sa peur d’être abandonné, parce qu’il n’a pas connu son père, et qu’à leur arrivée au Cameroun il y a trois ans, sa mère les a quitté son frère et lui, promettant de revenir. Depuis, elle n’a plus donné signe de vie.
  • - Un autre jeune garçon a avoué sa peur de mal faire lorsque le moment viendra d’effectuer des travaux pénibles pour survivre, comme ses aînés dans le camp.

En dehors des ateliers pour enfants, un homme du camp a parlé de sa plus grande peur qu’il a vécue, non pas dans son pays d’origine comme on pouvait s’y attendre, mais dans ce même camp des réfugiés. Près d’un an et demi après leur arrivée, les rapports avec la communauté locale étaient toujours tendus; et un jour, un méfait a été commis dans le village de Guiwa. Convaincus que le coupable était un des réfugiés, les villageois ont encerclé le village en menaçant d’y mettre le feu.

Ne sachant où aller, les réfugiés se sont enfermés chacun dans sa case. A l’arrivée des forces de l’ordre dans le camp, ce père de famille s’est alors senti un peu plus en sécurité et a entrouvert la porte pour s’enquérir de la situation auprès des policiers. Mais le policier en faction sur sa véranda a violemment repoussé la porte, lui intimant l’ordre de ne plus chercher à sortir. C’est à ce moment qu’il a ressenti sa plus grande peur et une insécurité totale: où se réfugier quand même le site de réfugiés devient une terre hostile?

La visite s’est achevée dans la bonne humeur, avec un mini spectacle, pendant lequel chaque groupe a pu s’exprimer à travers les chants et les danses. Un moment de partage où nous n’étions plus camerounais, centrafricains ou français, réfugiés ou citoyens, mais tout simplement des êtres humains unis par le même amour, la même foi et la même espérance : Jésus-Christ.

Ivanova Nono Fotso

Auteure de « Même pas peur », illustré par Didier Millotte, éditions PJA, France.

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